Un poisson buvard

Un poisson buvard

mercredi 13 avril 2016

La Passe-Miroir ( Tome 1 et 2 ) , Christelle DABOS

Mes tendres petits,

J'avais inexplicablement une soif de lecture et d'imaginaire.
Quand on ne sait plus à quoi se raccrocher, où plutôt quand on se croit assez forte pour mener une vie solitaire et ne dépendre de personne, on sombre dans la folie ! C'est pas votre cas? Moi si, j'ai un besoin spasmodique de dépendance et d'addiction ! Les pédants en chemise/cravate érigeront la pyramide de Maslow et;  avec la certitude d'avoir raison, ils me diront que je suis au stade "Besoin d'appartenance". Tu vois, il va falloir le combler pour accéder au level supérieur, à savoir le besoin d'estime et l'accomplissement personnel. Ils entendent par "Besoin d'appartenance" le côté social, affectif... Bien sûr, je sais ce qu'il me faut ! Mais je veux être sauvage, un renard non apprivoisé. Je déteste leur pyramide méthodique , le haut de la pyramide, le côté élitiste de sa propre personne, le surhomme. Je divague, n'est-ce pas? Pour dire ça de manière simple et diplomatique: je ne suis pas sensible à ce genre de représentation, je préfère les métaphores, les images, ils me parlent plus. Je préfère la représentation de mon besoin d'appartenance par Antoine de Saint-Exupéry . J'aime comment ce génie a transformé mon épiderme tout fragile en poil roux et soyeux. Je suis le renard, la raison qui a conscience de son besoin d'être apprivoisé mais qui ne laisse personne le faire, à l'exception du Petit Prince. Pourquoi ? Parce qu'il connait la souffrance finale. En ce moment, je me sens semblable à cet animal ! Pour compenser, je me réfugie dans la lecture ! 

Cette longue introduction en amont n'a aucun intérêt en soi, il me sert d'aide mémoire pour me souvenir,après un dur réveil, la raison et la substance qui ont engendré ma gueule de bois. En effet, quand les mots s'immiscent dans ton crâne, prennent possession de tes pensées et te soufflent un besoin irrationnel, convulsif et enivrant de suivre l'intrigue, tu obéis. Tu ne connais ni soif, ni faim, ni sommeil. T'es tout engourdie, là enfoncée dans le lit avec un mal de crâne pas possible. Mais ça t'empêche pas d'aspirer ces papiers qui filent entre tes doigts. Quand tu te lèves, tu titubes, tu manques de force, tu perds la notion de l'espace à force d'être restée sur Citacielle. Les paroles des uns et des autres te paraissent inintelligibles. Tes yeux n'entendent que la voix du narrateur et celle des personnages.
Cet état d'ivresse singulier que seul les lecteurs connaissent, je la dois à Christelle Dabos et à La Passe Miroir.

La Citacielle vue par Amélie Freteault‎


Quand ta meilleure amie du lycée te recommande sans cesse depuis des mois cette saga, il y a une bonne raison. Après tout, c'est elle qui t'a fait découvrir ton manga préféré de tous les temps ( Pandora Hearts ). Et puis, cette première de couverture te fait penser aux chefs-d’œuvres de Miyazaki. Tu te lances, après tout t'es en vacances, tu n'as rien de mieux à faire de ta soirée du 6 avril. Tu trouves les premières pages que Gallimard Jeunesse te proposent sur Internet. Tu es séduite par la plume de l'auteur. Toi qui attaches plus d'importance à l'écriture qu'à l'intrigue, tu es servi. Toi qui n'a jamais eu cette satisfaction dans les romans de jeunesse à la mode, tu sens naître un brin d'espoir ! Impulsive, tu fonces à la Fnac et tu achètes Les Fiancés De L'Hiver


Quand les mots te dessinent un paysage, des personnages et une histoire ! ( ie: Le contexte ) 

On est directement plongé dans un monde imaginaire et fictif. Le monde s'est brisé en plusieurs morceaux gigantesques, les Arches, qui gravitent dans l'espace.Chacune de ses arches est dirigée par un Esprit de Famille qui transmet un ( ou plusieurs) pouvoir(s)  à sa descendance, les habitants de l'Arche. Christelle Dabos nous dépeint tout d'abord l'arche d'Anima où tous les animistes ont une connexion avec les objets. Ces derniers sont soit doté d'un caractère propre ou dépendant de l'humeur de son propriétaire. Certains animistes rafistolent les objets cassés, et d'autres comme l'héroïne Ophélie, passent à travers des miroirs ou possèdent un don pour la lecture. Ce pouvoir permet de ressentir les émotions des propriétaires de l'objet par simple toucher. Ainsi, elle peut retracer l'histoire d'un objet au cours du temps. 
Ophélie vit paisiblement au sein de sa famille et de son musée d'objets anciens jusqu'au jour où elle se retrouve fiancée contre son gré à Thorn, un habitant de l'arche du Pôle, un personnage froid et impopulaire. Elle le suit sur cette arche hostile en compagnie de sa tante chaperonne. Elle découvre qu'elle est mêlée à un complot qui la dépasse totalement. Elle  fréquente des personnages à moral douteuse et se trouve coincée au sein d'une cour impitoyable dirigée par un Esprit de Famille irresponsable et capricieux.

Mon avis sans spoiler ( ie: je t'oblige à lire cette saga )

Je vous avoue que je suis pas une grande spécialiste du fantasy, de son code et de ses pépites. (Je me suis limitée à de la littérature de jeunesse fantasy. ) Du coup, les fans de ce genre vont sûrement trouver cette saga lente. En effet, elle ne bouillonne pas d'actions, de quêtes épiques ou de créatures invraisemblables. Et c'est ce que j'aime ! L'auteur prend bien le temps de placer le décor pour nous laisser rêver : j'ai transformé ma chambre en village pittoresque d'Anima. Je l'ai plongé au fin fond de  l'hiver glacial du Pôle, dans les illusions exquises de Citacielle, la ville flottante du Pôle. La plume de Christelle Dabos est vraiment prenante, poétique et riche. Elle défie la logique et on ne peut que la croire: on a envie de voir les portes se claquer par colère, l'écharpe se mouvoir comme un serpent, les verres de lunettes qui changent de couleur au gré de l'humeur d'Ophélie. Outre son écriture remarquable, les personnages sont atypiques. Ophélie est l'anti-héroïne par excellence et c'est pour cette raison que je l'adore : elle est myope, maladroite, chétive, sans grande confiance en soi. Son entourage lui reproche toujours son manque de goût pour les vêtements, son écharpe attrape-poussière, sa négligence. Son visage, en plus d'être quelconque, est constamment recouvert de bosses, de blessures. De plus, elle a du mal à communiquer avec les autres, avec sa voix peu porteuse et son rhume permanent qui l'oblige à se moucher tout le temps . Elle pourrait en agacer certains, mais pas moi ! Je me sens intimement liée à elle et c'est avec plaisir que je la vois évoluer. Quant à son fiancé, je ne savais pas sur quel pied danser ! Je sais que certains peuvent l'adorer pour sa froideur, sa rigidité et son esprit minutieux et efficace. Moi, il m'intriguait mais je le trouvais inabordable. Mon attachement pour lui s'est développé en même temps que celui d'Ophélie : quand elle le déteste, je le déteste. Quand il l'étonne, la déconcerte, la bouleverse et la touche, je sens des palpitations dans mon ventre. Vous avez compris, ce mec rigide, pas à l'aise avec ce corps trop grand pour lui, aussi aimable et intéressant qu'un bouquin de lois me fait vibrer. Maintenant qu'on a abordé les personnages principaux, l'écriture et le décor, on s'attaque à l'histoire ! On a deux intrigues, qui tendent à se rejoindre. L'une concerne la Déchirure qui laisse penser que la destruction du monde en arches est un acte volontaire d'un "Dieu" en colère. L'autre mêle les aventures d'Ophélie et les ambitions de Thorn. D'un côté, Thorn nous tient en haleine avec son (ou ses) objectif(s) secret(s) en utilisant l'héroïne et ses pouvoirs. De l'autre, Ophélie tente d'assouvir notre curiosité en se trouvant de manière imprévisible à des endroits et avec des personnes qui se rapprochent du mystère autour de la Déchirure, de l'esprit de famille amnésique du Pôle et des ambitions de Thorn. Bien évidemment, elle rencontrera un tas d'obstacle : des personnes mal intentionnées qui la détestent, des illusions, des abus et des rumeurs de la cour à la Louis XIV... Si avec tout ça je ne t' ai pas convaincu, je sais plus quoi faire , t'es un cas désespéré ! Ou je suis nulle et je me justifie en me disant que c'est dur de donner envie sans en dire trop ! Je t'invite quand même à lire un extrait !

Mon avis avec spoiler ( ie: on va être pote toi et moi)

Tome 1 : Hmm, les histoires de mariage forcé, vu et revu: soit ça tombe dans le pathos, soit ça tombe dans un romantisme culcul. Ici, Ophélie n'est pas du tout enchanté par ce mariage ( et je la comprend totalement) . Son dégoût est contrasté par la joie exagérée de sa famille en particulier de sa mère et de sa sœur. Du coup, j'ai trouvé ça drôle et dédramatisant ! C'est encore plus drôle lorsque la famille du protagoniste, aux manières irréprochables, reçoit le futur mari froid, silencieux, directif et impoli. Comme je vous l'ai dit, j'ai eu du mal avec le personnage de Thorn mais pas autant qu'avec  Bérénilde, sa tante. Je pensais que ce mariage était vraiment un plan tordu de Bérénilde et que ces deux rigolos étaient des victimes. L'auteur nous a laissé croire ça ! Alors j'ai détesté cette pimbêche hypocrite et cruelle envers Ophélie, surtout lorsqu'elle n'a pas trouvé de meilleure solution que de travestir Ophélie, la réduisant en esclave pour cacher son identité à Citacielle. C'est la chaperonne à ce moment là qui lisait mes pensées : elle ne comprenait pas l'injustice de la situation. Encore une fois, la gravité est palliée avec le décalage comique de la tante Roseline et à l'optimisme naïf d'Ophélie. Mais j'ai fini par avoir pitié de cette Bérénilde lorsqu'on apprend qu'elle a perdu ses enfants, qu'elle est follement amoureuse de Farouk et qu'elle porte son enfant. D'ailleurs j'ai bien aimé l'amitié qui naît entre les tantines ! pour l'ambiance, j'ai eu un coup de coeur pour Citacielle : cette ville flottante, les illusions des Mirages qui cachent la merde sous les paillettes, la fête tous les soirs, le ClairdeLune, les pièces superposées, les chambres insonorisés, le système des sabliers et surtout Mr. L'ambassadeur. Dès son apparition, j'ai senti que j'allais l'adorer. Il dégage tellement de charisme avec son haut-de forme, sa franchise désarmante, ses plaisanteries, son manque permanent de sérieux, ses airs de beau goss négligé, cet amant de toutes les femmes, ses excès sans limite et surtout son ennui. Son ambition veine de combler son ennui qui ne cesse de grandir. J'ai trouvé Archibald infiniment humain. Par contre je trouve ça dommage qu'il reste un personnage secondaire encore très peu exploité. Bien évidemment, j'ai adoré la mère Hildegarde, le duo Renard/Gaëlle et les moments d'intimité et d'explication entreles fiancés.Ah j'allais oublier, j'aime le personnage complètement malaisant du Chevalier. C'est un livre qui ne divise pas grossièrement le bien et le mal, la distinction n'existe pas donc c'est déstabilisant d'avoir mis une âme malsaine, possessive mais presque innocente dans le corps d'un enfant joufflu et binoclard. Bref, le roman s'est terminé sur un suspens effroyable: le Livre et Farouk. D'ailleurs Farouk m'intéresse de plus en plus.


Tome 2 :J'ai eu la chance de l'enchaîner juste après le Tome 1. J'ai été conquise par l'intrigue policière qui se trame. Je ne m'attendais pas du tout au coupable. Tout était fait pour qu'on pense à Cunégonde . Entre temps, j'ai adoré Farouk, cet esprit de famille nonchalant mais complètement intriguant.Son amnésie, son Pense-Bête, ses favoris qui tirent les ficelles... A ce moment là Ophélie est nommée Vice-Conteuse ( j'ai eu tellement peur quand elle s'est entêtée à finir son histoire sur La Poupée jusqu'à mettre Farouk en colère ) et  tout s'est enchaîné si vite entre les disparitions, les efforts de réconciliation avec Thorn, la famille qui débarque et Thron qui l'embrasse ! J'ai été hyper choquée, je m'y attendais tellement pas, j'ai du relire le passage ! J'ai eu mal au coeur quand Thorn  a renoncé au mariage et au contrat avec Farouk lorsqu' il s'est rendu compte que les choses allaient trop loin et qu'il ne maîtrisait plus rien. Au fond, il le faisait surtout pour Ophélie, elle en a assez bavé comme ça ! Et bien évidemment, c'est à ce moment là qu'Ophélie se rend compte qu'elle avait appris à aimer Thorn, qu'elle s'était menti à elle même ( d'où l'échec de sa traversée dans le miroir. ) Elle n'a jamais été aussi courageuse qu'à ce moment là, elle désobéit à sa famille qui veut la rapatrier après la rupture du contrat. Elle utilise son pouvoir de liseuse efficacement et parvient à trouver la réponse ( enfin ! ). Et bien sûr, l'arrivée spectaculaire de ce cher Thorn la sauve in extremis ( ce moment est tellement attendrissant !!!! ). Malheureusement, Thorn est le coupable de ces disparitions par excellence, et j'ai adoré cette tournure de la situation. Ophélie passe un accord avec Farouk pour sauver son ex-futur-mari et pour remettre à jour son mariage ! Moi qui pensait qu'elle allait "miraculeusement" réussir à apporter la réponse que Farouk attend, j'ai été consternée. Autant, j'étais quasi sûre que Thorn ne bénéficierait jamais de ses dons pour la lecture , j'avais même prédis qu'il serait Passe-Miroir et qu'il s'enfuirait mais au grand jamais j'aurais pensé qu'il lui avouerai ses sentiments ( le pauvre est si chamboulé ). Et puis, concernant sa suite, je pensais qu'ils s’enfuiraient TOUS LES DEUX ENSEMBLE à travers le miroir de la prison. Au grand jamais je pensais qu'Ophélie aurait un déclic sur ce que cherche Farouk. La frustration fut plus forte lorsque Farouk le gracie, tout semble rentrer dans l’ordre et bim Thorn disparait ! Ophélie retourne sur Anima et l'auteur nous laisse là ! Non ! Non ! Non ! Je refuse !!! Voilà, j'ai terminé le tome 2 en essayant de savourer au maximum ( vu que j'ai englouti trop vite le 1) mais j'attend impatiemment la suite ! D'ailleurs, j'ai été touchée par l'album l'aide mémoire de Farouk avec la photo " Petite de Bérénilde". Quant à Archibald, j'ai eu de la peine pour lui, déjà que sa vie est ennuyante ( mais pas à plaindre comparée à celle de Thorn ou même Bérénilde ), il perd le lien qui l'unit aux membres de sa famille la Toile ( même ses soeurs le renient, j'étais choquée ) ! J'étais aussi attristée par la disparition de l'architecte ( mais c'est une mort digne de son personnage ).  Ah mais j'allais zapper le plus important : la mystérieuse apparition de Mille-Faces ( ou Mille-Facettes ??? ) qui est... Dieu avec son message prophétique sur l'Autre , responsable de la destruction des arches ! Commet ne pas s'arracher les cheveux quand on termine un livre avec tant de suspens ! D'après vous qui est l'Autre ? Le sosie maléfique d'Ophélie ? Ou un personnage naïf qui n'a pas conscience de son effet destructeur? Enfin, vivement le tome 3 ! En attendant, on peux se serrer les coudes face à cette attente, je serai heureuse d'avoir ton avis en commentaire ! ;)


Archibald par Aurelie Guarino (http://aurelieguarino.wix.com/aurelieguarino)


Voilà, je me suis tellement attachée aux personnages et à l'histoire que j'ai regardé tous les deviantart sur le site de la Passe-Miroir haha ! 
Sur ce, je vous laisse baver sur ce dessin d'Archibald <3 !








2 commentaires:

  1. Ta chronique est très intéressante ! J'ai beaucoup aimé le deuxième tome, et je l'ai même préféré et j'aime beaucoup Archibald :) Moi aussi j'ai fais ma chronique : http://journalacoeurouvert.blogspot.fr/2016/04/la-passe-miroir-t2-les-disparus-du_87.html

    Bisous, Mélanie

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    1. Coucou ! Désolé pour cette réponse tardive ! Merci pour ton commentaire ( Moi je saurais pas dire ma préférence pour un des tomes ^^' ) ! Je vais lire ta chronique de ce pas ;) .
      Bisous !

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