Un poisson buvard

Un poisson buvard

samedi 30 janvier 2016

Grands enfants perdus

Mon brave petit,

Tu connais Peter Pan? Tu sais ce Disney, avec l'espèce de lutin aux fringues vertes? Et bien, il n'a rien du gentil petit garçon qui veut pas grandir. C'est le gamin torturé, sans cœur, sans pitié. Ce sale morveux qui ne cesse de se battre contre ces pirates en costard-cravate et qui n’hésiterai pas à tuer ces enfants perdus qui deviendraient adultes. Vous avez deviné, je suis venue avec l'intention d'aborder le syndrome de Peter et ce merveilleux monde qu'est Neverland. Un endroit hors temps, à l'écart des médias, à l'écart des malheurs que nous montrent la télé. Un monde de fêtes, d'alcool à pleins flots, de musiques assourdissantes, de morales mis de côtés, d'orgasmes, de relations sans lendemain. Ce monde bourré d'enfants perdus. De grands enfants perdus.

Tu remets en cause l’existence d'un tel monde?

Et bien, ferme les yeux mon petit, bienvenue dans mon ancien Neverland !




3h du matin, les oiseaux chantent au rythme des crépitements, l'odeur des cigarettes enlace celle de la fumée du feu de bois. Je sens ce parfum que dégagent la terre mouillée et l'herbe. Là. Tout près de mon nez. Ah oui, c'est vrai. Je suis allongée sur elles. Je ne forme plus qu'une avec l'essence de la Nature. Mes cheveux collants d'alcool attrapent ces morceaux de terre. Je suis la Vie. Je rigole, je raconte vraiment de la merde.. Mes amis sont à côté. Allongés ou assis. On danse jusqu'à tomber de fatigue, on crie et on chante jusqu'à en perdre la voix. On est en manque d'amour, d'affection. On s'enlace, on s'envoie en l'air. Mais on est coincé à l'intérieur de cette bulle. Le lendemain on fait comme si de rien n'était, comme si on ne se connaissait pas. On s'ignore alors qu'on a passé une belle soirée. On est lié à ces autres aussi, tu sais. Ceux qui colportent des ragots. Ceux qui te détruisent. Ceux qui sont trop bien pensant. Ou bien on crée des liens aussi. On est lié par notre obscurité, par notre folie, par notre jeunesse, pas notre désespoir. On veut pas devenir adulte. On aimerait se déguiser n'importe comment, continuer à faire des ventres qui glissent dans les couloirs, à balancer des confettis dans les chambres retournées, à vider nos gels douches dans des batailles, à discuter jusqu'à l'aube... Enfin. T'as ces pirates adultes qui te rappellent ton avenir incertain. Mais toi, t'es nul de toute façon. Tu seras pas capable. Tu sais, on te forme pour que t'occupes des métiers à responsabilités. Et toi tu t'en fous. Momentanément. Ce que t'aimes faire en cours c'est de découvrir comment est apparue la vie, comment elle fonctionne. Tu te fiches d'avoir des responsabilités, de lécher le cul des partenaires parce que tu te rends bien compte que tout seul tu n'y arrives à rien. Et puis, tu t'en fiches d'être productif, de rapporter un max de sous au détriment de la morale. Dans ta bulle Neverland, t'es qu'un petit goss de riche, où ton seul problème est le prochain devoir ou la rumeur qui court sur toi. T'es un mioche arrogant et égoïste, un pourri gâté qui est là parce que papa maman payent le logement.Oh c'est la fin du monde! T'es pas invité à la soirée de machine! Tu vois cette télé dans la salle d'étude que t'allumes jamais, à part pour mettre le foot, elle montre que le monde n'est pas tout rose, que des gens crèvent, que les gens ont même pas quoi pour survivre. Mais toi, tu pleures parce que personne ne t'aime et ne t'invite aux soirées !  Mais t'es un enfant perdu, on pardonne ta naïveté. Toutes ces souffrances qui te préoccupent tant. Quand tu es sors, tu réalises qu'ils sont pas si grave que ça. De toute façon c'est à cause de Neverland ! Ce monde d'illusion ! Ce monde qui te fait sentir entier, si bien, si insoucieux ! Mais c'est qu'une illusion ! C'est pas parce que tu t'es débarrassée de ton ombre qu'elle cesse de te suivre ! Tôt ou tard, tu redeviens sobre et tu constates avec horreur que tu vas devoir te comporter en adulte pensant ! C'est fini d'être jeune et con, c'est l'heure des vieux et fous !




Damien SAEZ, Jeune et Con






dimanche 17 janvier 2016

2016, j'en viens à te supplier ridiculement...

Mes chers petits ! 

J'avais projeté d'écrire quelque chose sur les enfants perdus. Mais tu vois, dans la vie il y a des contraintes. Le genre de contrainte qui ne laisse pas place à un épanouissent. Je vais te citer un exemple: bosser pour un partiel pour un diplôme pour un métier dont je ne sais même pas si c'est fait pour moi ! Tu vois le genre? Enfin, là n'est pas la question. Je reviens pour mes "résolutions" pour cette année 2016. Tu sais pas à quel point, je déteste utiliser ce mot. J'en ai fait par le passé comme "avoir mon bac" ou "avoir mon permis" que je renouvelle chaque année. Là je vais essayer d'écrire une lettre à  moi. Ça va pas t'intéresser je pense. Je le fais plus pour moi;  ça devrait m'aider à y voir plus clair.







Cher Poisson Buvard,

Je connais mieux que quiconque ton état d'esprit. Noyée. Tu es noyée dans tes larmes. Des larmes de tristesse, des larmes de colère, des larmes de frustration, des larmes de dégoût. Et puis tu es noyée dans la sueur de tous ces efforts qui n'auront servi à rien, à part broyer ton identité. On a foutu ta personnalité en poudres infimes, perdues dans le bordel de ta conscience. C'est désagréable cette sensation de se regarder dans le miroir sans se reconnaître. Comment une personne, qui a su tirer le meilleur de toi, peut elle te détruire à ce point? Alors, on te fait croire que tu es un crabe. Tu te farcis le crâne d'astrologie parce qu'au final le cancer définit qui tu es. Une hypersensible. Une timide. Une introvertie. Une émotionnellement instable. Une personne qui se protège en se créant une carapace. Une carapace qui ne laisse entrer, plus personne dans sa vie. Ni ami. Ni amour. Pourquoi? Pour ne plus souffrir du rejet, de l'abandon, de l'éloignement, du manque, de l'attachement. On est conditionné par nos souffrances. Alors je ne sais pas réagir face à des nouvelles personnes. Elles sont peut-être gentilles, elles ne se serviront sûrement pas de toi. Mais non tu te méfies, tu es froide, tu les évites. Tu ne leur laisse pas la chance ou la malchance de te connaitre. C'est une part de ta personnalité qui n'existait pas. Cette fausse protection t'engouffre. Alors je souhaite, pour 2016, laisser entrer les gens que j'apprécie dans ma vie.
Je voudrais également arrêter de me plaindre. De ressasser le passé à n'en plus finir. De pester contre la solitude. Il y a un moment donné où il faut être logique : tu laisses personne entrer dans ta vie et tu oses te plaindre d'être seule. Il y a plus personne qui va venir vers toi comme ça et te rassurer et te faire des avances tous les jours. C'est fini cette époque. C'est à toi de faire des efforts. 
Et puis j'aimerai tellement être plus organisée, plus active, plus présente dans ce que tu fais ! Tu fais les choses, comme si ça t'agaçait de les faire ! Tu vis comme si tu étais agacée de vivre. Je sais que c'est le cas ! Mais merde, arrête de faire ta crise d'adolescence et ressaisis toi ! Tu es en bonne santé déjà ! Et ne me dis pas après tout ce que tu as vu, qu'il n'y a pas plus important que la santé ? Prend ta vie en main, arrête de pleurnicher et secoue-toi ! Dans ta nouvelle vie, il n'y a plus personnes qui te le diront ! Les professeurs qui te font chier pour que tu donnes le meilleur, ils sont plus là ! C'est à toi de te surpasser et de prouver ce que tu vaux ! Et puis de qui on parle? Ces deux ans, j'ai parfois l'impression que c'est un échec de ma vie ! Tu n'es pas assez bonne pour être ailleurs ! On en a fini avec toi, tu as épuisé toutes tes capacités ! Fait cette école de merde, personne ne veut de toi ailleurs ! Voilà ce qu'il m'arrive de penser ! Bien sûr que c'est pas une école de merde ! Bien sûr ! Qui suis-je pour dire ça ? De toute façon, c'est ça, à force de choisir les chemins de son avenir comme on choisit une case au Monopoly, au hasard, on se retrouve coincé. Pourquoi, je peux pas fermer ma gueule et faire comme tout le monde, me contenter de ce que j'ai ! Parce qu'évidemment, il y a des gens qui aimeraient être à ma place ! Encore une fois je pense qu'à ma petite personne! Il faut bien s'en rendre compte, il y a très peu de personnes qui réalisent leurs rêves. J'ai été entouré par des personnes qui n'ont pas pu réaliser leurs rêves, j'aurais bien aimé pouvoir faire le contraire, mais le problème, c'est que je ne connais même pas la nature de mon rêve ! Voilà, à quel point j'ai été réduite ! Plus de personnalité, plus de rêves ! Je ne sais pas ce que j'aime. Je ne sais plus ce que je sais faire. Je ne sais plus ce dont je suis capable de faire. Je pensais, que je pouvais écrire ! J'adorais ça écrire, créer des histoires, donner vie à des personnages, donner de la consistance à des émotions, à des instantanés ! Malheureusement, je n'ai plus la même aisance que celle que j'avais par le passé ! C'est comme si je n'avais plus de vocabulaires ! Il n'est pas assez riche pour matérialiser ce que je souhaite dire ! Je deviens une incomprise incompréhensible ! Mais, tu sais quoi Sonia, tu vas faire un effort, et reprendre à écrire ! Par thérapie. Par envie. Par amour de l'art. Par besoin de communiquer ! Parce que c'est le seul moyen qui te reste pour communiquer vu que la parole est sensée être trop rapide. A peine tu réfléchis à la manière dont tu aimerais formuler ce que tu ressens et ce que tu veux, et fiou, la parole part et tu te retrouves comme une muette, avec la langue coupée par un débordement d'émotion. Mais elle ne doit pas te bloquer, tu dois apprendre à poser les mots avec la voix, à leur donner l'importance que tu cherches, sans les expédier, sans les évanouir ! Pour 2016, je veux apprendre à communiquer ! 

Alors, 2016, j'en viens à te supplier ridiculement, mais donne moi la volonté pour apprendre à aimer, à me retrouver et à communiquer !

A toi qui me lis,  je te souhaite tout cela bien évidemment ! 

Je t'embrasse !